André Gorz fut un représentant éminent d'un courant antiproductiviste, anticapitaliste place son oeuvre en tension avec certaines prémisses de l'écologie et lui confère une position unique au sin du marxisme vert contemporain. Cette contribution explore, avec une référence particulière à ses ouvrages moins connus antérieurs aux années 1970, la nature particulière du matérialisme et de l'antidéterminisme gorziens. L'influence des thèses phénoménologiques de Husserl et Merleau-Ponty et du concept sartrien du "pratico-inerte" sur sa conceptualisation des facteurs écologiques est mise en exergue. L'analyse conduit alors à apprécier la richesse et les limites d'une orientation anthropocentrique radicale dans le champ de l'écologie, qui se manifeste par une forte relativisation de la détermination par la nature, et est indissociable d'une définition du mouvement écologique en termes culturels comme défense du "monde vécu". en conclusion, l'auteur, à la suite d'une approche nuancée des écrits gorziens, invite à développer une histoire et une pensée complexe de l'écologie politique, en posant la question toujours ouverte des racines de la crise actuelle du capitalisme.