Alors que l’extrême droite demeure marginale en Wallonie depuis de nombreuses années, un nouveau parti tente de s’y implanter depuis 2021 : Chez Nous. Son objectif est d’opérer une percée électorale lors des élections du 9 juin 2024 afin de s’imposer progressivement dans le paysage partisan du sud du pays. D’emblée soutenu par le Vlaams Belang (VB) flamand et le Rassemblement national (RN) français, il est rapidement qualifié d’extrême droite au sein des médias francophones, qui par ailleurs ne lui prêtent qu’une attention limitée. Mais qu’est vraiment ce nouveau parti ? À l’initiative de qui a-t-il vu le jour ? Comment s’est-il développé ? Quel est son programme politique et quelle est l’idéologie qu’il véhicule ? Quels sont ses réseaux et ses modes de communication ? Quelles réactions suscite-t-il et à quels défis fait-il face ? Autant de questions auxquelles ce Courrier hebdomadaire propose de répondre sur la base de données originales. Ces dernières sont issues des réseaux sociaux sur lesquels le parti est présent, au premier rang desquels Facebook, mais aussi d’une quinzaine d’entretiens menés avec des représentants du parti Chez Nous.
Rappelons que l’extrême droite est un concept protéiforme, qui peut recouvrir des réalités fort distinctes. Toutes partagent néanmoins un corpus idéologique et doctrinal commun, qui repose sur trois caractéristiques centrales : (1) le rejet de l’immigration, voire la xénophobie ; (2) un projet autoritaire en matière de sécurité intérieure ; (3) une rhétorique antisystème et hostile aux partis politiques traditionnels. Sur cette base, au moins deux grands types d’extrême droite peuvent être distingués selon le rapport qu’ils entretiennent avec la démocratie. Tandis que le premier constitue une menace fondamentale pour cette dernière – notamment par le rapport désinhibé à la violence qu’il entretient ou la culture révolutionnaire qui l’anime –, le second respecte apparemment le cadre démocratique global, bien qu’il soit régulièrement pointé du doigt pour le risque qu’il fait courir au pilier libéral des démocraties contemporaines. Souvent qualifiés de partis populistes de droite radicale ou de partis nationaux-populistes, ceux qui appartiennent à cette seconde catégorie sont ceux qui prospèrent aujourd’hui en Europe. En proposant une analyse à 360 degrés du parti Chez Nous, ce Courrier hebdomadaire a l’ambition de mieux cerner la manière dont tente de se structurer une offre politique relevant a priori de cette mouvance idéologique.