est un des débats de l’année : la Belgique doit-elle réviser son système de liaison des salaires à l’indice des prix à la consommation, système qu’elle est seule à pratiquer en Europe (avec le Luxembourg) et qui, selon ses adversaires, handicaperait son économie dans la concurrence internationale ?
Dans son dernier numéro, Politique s’était clairement prononcé pour le maintien de ce système : « Dans un contexte où l’inflation semble repartir, on nous explique que l’indexation automatique des salaires se répercute immédiatement sur les prix qui incorporent le coût salarial, renforçant les tendances inflationnistes en boucle. Le patronat belge y voit un handicap concurrentiel. Pour l’Europe échaudée par la crise grecque, il s’agit d’un mécanisme qui va à l’encontre des objectifs du ”Pacte de stabilité et de croissance“ qui doit coordonner les politiques budgétaires nationales afin d’éviter tout dérapage.
Voilà où mènent l’obsession de la compétitivité et la concurrence de tous contre tous qu’elle impose. Dans cette jungle – la même qui justifie les sursalaires des patrons et leurs bonus indécents –, il y aura toujours de bonnes raisons pour s’aligner sur les salaires les plus bas et sur la protection sociale la plus faible. C’est pourquoi la défense intransigeante de l’indexation automatique des salaires n’est pas celle d’un privilège, mais d’une digue contre le détricotage organisé de tous les acquis sociaux au détriment des travailleurs et des allocataires sociaux d’ici et d’ailleurs. »
Un lecteur attentif, qui est aussi un observateur averti, nous en a fait le reproche. Étienne de Callataÿ est depuis 1999 chief economist à la Banque Degroof, la principale banque d’affaires indépendante de Belgique, spécialisée dans la gestion privée des patrimoines, après avoir été chef de cabinet adjoint du Premier ministre Jean-Luc Dehaene (1996- 1999). Il est aussi professeur à la Fopes (la faculté créée à l’initiative du Mouvement ouvrier chrétien à l’Université catholique de Louvain) et aux Facultés de Namur.
Pour rebondir sur son interpellation, Politique a fait appel à Mateo Alaluf, sociologue du travail et par ailleurs un de ses chroniqueurs.