Le 30 juin 2021, le Conseil fédéral a décidé d’acquérir 36 F-35A, le bombardier furtif du constructeur américain Lockheed Martin. Selon l’évaluation pratiquée par armasuisse, sans aucune transparence, cet avion se serait révélé de loin le meilleur et le moins cher. La surprise et l’incompréhension ont été générales.
Le meilleur, alors que la Suisse recherchait en priorité un avion profilé pour la police aérienne? Le moins cher, alors que le F-35 a fait exploser les budgets militaires dans tous les pays qui en ont déjà fait l’acquisition, même aux États-Unis?…
La majorité de centre-droit du Parlement a validé à l’unisson cette acquisition incohérente en septembre 2022.
Mais comme souvent dans notre pays, l’achat d’avions de combat ressemble rarement à un long fleuve tranquille. Depuis quelque temps, ce dossier, vendu comme parfait par le département militaire, se lézarde de plus en plus: un moteur défectueux à changer à nos frais, la démission en cascade des principaux acteurs du dossier, conseillère fédérale en tête, la nouvelle stupéfiante de l’inexistence d’un prix fixe, sans parler des relations devenues bien compliquées avec les États-Unis de Donald Trump… La grande histoire d’amour entre la Suisse et le F-35A en a pris un coup.
Et on n’a pas encore tout vu! Ces premières révélations et les bouleversements récents correspondent seulement à la pointe de l’iceberg. Déjà mise en doute dans un premier livre publié en 2022 – Le choix du F-35, erreur grossière ou scandale d’État? –, la procédure d’acquisition réalisée par nos autorités s’apparente à une soigneuse manipulation qui a permis le choix d’un avion inadapté aux besoins du pays et qui se révélera immanquablement à l’usage un gouffre financier.
À moins que les révélations de ce scandale d’État décrit en détail dans ces pages n’obligent le Conseil fédéral à corriger la tromperie dont il a été la victime.
