Apparence physique : les femmes sont toujours perdantes

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Apparence physique : les femmes sont toujours perdantes

Article | Heine Sophie

Voir le numéro de la revue «Politique. Revue de débats, 72, 01/11/2011»

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Note

Toujours autour du genre, IDEES accueille ici un texte de Sophie Heine qui repose la question féminisme à nouveaux frais. Les statistiques persistent à déployer leurs vérités inflexibles : dans presque tous les domaines professionnels, à compétences identiques, les femmes gagnent moins que les hommes. La violence conjugale se décline toujours au masculin, de même que le viol ou encore le pouvoir. Inversement, ce sont sur elles, et pas sur les hommes, que reposent les exigences esthétiques les plus draconiennes : rester jeune et sexy, le tout perchées sur de douloureux hauts talons. Mais une fois ce constat posé, et la cause relancée pour le XXIè siècle, pour quel féminisme opter ? Car la lutte n'est pas l'affaire d'une doctrine univoque ; Et les revendications peuvent diverger. Sur l'injonction à la coquetterie par exemple. Les unes pensent qu'il faudrait que les femmes cessent toute esthétisation de leurs corps. Les autres qu'il faut au contraire augmenter les contraintes qui pèsent sur ceux des hommes afin d'atteindre la parité dans la douleur. De même, certaines s'insurgent - au nom du féminisme - et revendiquent de porter des vêtements amples afin de soustraire leurs formes aux désirs exacerbés par les médias ; Mais à l'opposé, d'autres - au féminisme tout aussi chevillé - organisent des slut walks et arborent des tenues ultra légères afin de rappeler à le gent masculine que rien ne justifie qu'ils les objectivent comme ils le font (en s'autorisant remarques, regards déplacés, voire violence). Dans le même registre, on relèvera les performances enflammées du groupe electropunk Sexy Sushi dont la chanteuse incite les filles du public à enlever joyeusement le haut en détruisant tout ce qui peut l'être sur scène. En évoquant platement deux de leurs possibles fantasme (domination sexuelle et puissance physique), c'est une invitation à la réflexion et un joli pied de nez qui sont ainsi faits aux hommes. Comme le laisse entendre Sophie Heine, entre rejet radical et renversement ironique des codes machistes, il est bien difficile d'arbitrer ; mais s'il est parmi ces posture certaines incontournables, ce sont celles qui incidente à sortir des représentations " essentialisées) des genres qui font fi de la socialisation ; A ce sujet, on ne se lassera jamais de rappeler de Beauvoir : on ne naît pas femme, on le devient. (Bruno Frère)