On m’a parfois posé la question lors de débats sur mon livre « Adieu à la croissance » : ce livre défend-il les mêmes idées que celui de Tim Jackson, « Prospérité sans croissance » (Etopia/De Boeck, 2010) ? Voici en substance ma réponse.
Il existe de fortes proximités, et je recommande partout le livre de Jackson, qui a eu une grande influence, y compris pour convaincre des non convaincus de quitter la voie de la croissance. Son livre contient notamment des arguments forts en faveur d’un « adieu à la croissance », sans regret.
Mais je m’en écarte plus ou moins sur certains thèmes. D’abord celui du rôle de la démocratie, pratiquement ignoré dans le livre de Tim Jackson, qui est à mes yeux un livre d’expert économiste, en dépit de la culture philosophique de l’auteur. Écologiste convaincu certes, mais pas du tout orienté vers la démocratie économique : le mot « démocratie » ne figure pas dans l’index, pourtant très complet, de son livre. Cela limite un peu la crédibilité politique d’un projet qui néglige le rôle, moteur selon moi, de la société civile et de ses organisations, du local à l’international, dans un contexte où la démocratie représentative et surtout les sommets des États cèdent très souvent aux pressions de la ploutocratie.
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