L'adhésion d'ankara à l'Union européenne suscite, au sein de cette dernière, et notamment en France, de vives oppositions - y compris celle du président Nicolas Sarkozy. Au-delà du débat, complexe, sur l'européanité de ce pays charnière, l'enjeu n'est-il pas aussi la stabilité et de la Turquie et du Vieux Continent? Après quarante-cinq années de négociations, une rebuffade pourrait remettre en cause le modèle laïque, les réformes démocratiques en cours et, plus généralement, cette expérience originiale de "démocratie musulmane" - comme on dit "démocratie chrétienne". A refuser l'entrée de quatre-vingts millions de musulmans dans l'Union, ne risque-t-on pas d'alimenter la vague islamiste?