« Sur Gaza, la Belgique est le leader moral de l’Union européenne »,
affirmait le juriste international Johann Soufi dans les colonnes
du Soir du 23 février dernier. Si ces propos flatteurs pour nos
dirigeants ont leur part de vérité, c’est surtout au regard de la faillite
sur le plan des valeurs qui prévaut sur le Vieux Continent face
aux massacres génocidaires en cours. Observé de plus près,
le positionnement du Royaume sur la défense des droits inaliénables
du peuple palestinien laisse entrevoir un bilan moins élogieux.
Les trois années au pouvoir du gouvernement De Croo en sont
l’exemple : des annonces parfois ambitieuses pour mettre fin à
l’impunité d’Israël, hélas trop peu souvent soutenues par des actes
(pages 6 à 9). Alors qu’un accord interrégional datant de 2009 devait
garantir que la Belgique ne participe pas à alimenter la machine
de guerre israélienne, l’instauration d’un embargo strict sur les armes
contre le pays est encore loin d’être une réalité (pages 10 à 13).
Du reste, les rares leviers dont dispose l’exécutif pour assurer
une protection aux Palestiniens ne sont guère mobilisés.
Ainsi de sa politique d’asile (pages 14 à 17).
Comme l’a confirmé notre rencontre avec la ministre des
Affaires étrangères, la diplomatie belge demeure, dans la pratique,
incapable de sortir d’une équidistance entre l’opprimé et l’oppresseur.
L’urgence est donc de « briser le cadre » et de proposer des mesures
de nature à contraindre réellement Israël à cesser d’agir
comme un « État voyou », ce à quoi s’emploiera avec force l’ABP
dans la perspective des élections du 9 juin