« Il est temps que notre système statistique mette davantage l'accent sur la mesure du bien-être de la population que sur celle de la production économique », notait en septembre 2009 la commission Stiglitz dans son Rapport sur la mesure des performances économiques et du progrès social. « [...] Car il existe un écart croissant entre les informations véhiculées par les données agrégées du PIB [produit intérieur brut] et celles qui importent vraiment pour le bien-être des individus. » Utilisé de manière erronée, ajoute la Commission, le PIB peut même conduire à une « vision biaisée » des réalités économiques. Finie donc la seule mesure de la production économique pour évaluer les richesses d'une nation et place à la « recherche du bonheur »? Pas si simple, répond ici Pierre Le Roy, qui rappelle que les membres de la commission Stiglitz ne sont pas les premiers à contester la pertinence du PIB. Un PIB qui, malgré les nombreuses critiques, est encore aujourd'hui l'indicateur vedette des économistes, « qui s'en contentent paresseusement ». Pourquoi ? « Le PIB n'a pas de concurrent crédible. [...] Trouver un terrain d'entente pour bâtir un autre instrument, plus proche de la mesure du bien-être est très difficile », note Pierre Le Roy. Ainsi, en vue d'éclairer le débat et après un rappel des insuffisances du PIB puis des conclusions du rapport Stiglitz, l'auteur expose les principales recherches réalisées sur ce thème et les différentes méthodes élaborées pour mesurer le bonheur individuel et collectif.