Tous coupables? Ou serait-ce plutôt lui, elle, ou mon voisin qui aime un peu trop la fiesta en temps pandémique, ou ces jeunes qui ne vivent que pour eux, ces vieux qui n'ont pas su s'occuper de Gaïa à sa juste valeur, ces hommes qui écrasent encore plus les femmes, ces migrant.e.s qui nous nous ôtent le pain de la bouche? Il y a tant de boucs émissaires possibles! Tant de coupables potentiels pour expliquer les mécanismes qui nous ont menés à cette crise. Autrui est devenu un exutoire, un sas de décompression où je peux déverser ma frustration de subir l'invivable. Car, tous coupables, c'est également personne. Cela ne mène à rien! Autant trouver son punching-ball de service sur lequel s'exciter, se défouler. C'est plus rassurant, satisfaisant. De toute façon, conjuguer le collectif, le soigner, le cultiver, cela fait belle lurette que ce n'est plus à la mode. Et pourtant, à insister sur ce qui nous oppose, sur les clivages, les différents coupables, nous nous tirons une balle dans le pied. Et s'il n'est pas correct d'occulter les responsabilités individuelles, c'est avant tout en tant que société que nous avons failli. Et une société, cela se construit à tous les étages. Pour sortir de ce "mauvais moment", il nous faudra donc revisiter toutes les pièces de la maison pour reconstruire plus solidement, plus durablement, ce qui doit l'être. Et cela ne se fera pas seul.e.(se)