"La cuisine d'une société est un langage dans lequel elle traduit inconsciemment sa structure, à moins que, sans le savoir davantage, elle ne se résigne à y dévoiler ses contradictions", écrivait l'anthropologue Claude Lévi-Strauss il y a quelques décennies.
Notre alimentation déborde de ces contradictions. Uniformisé, industrialisé, aseptisé, le contenu de nos assiettes fait la chasse au goût depuis plus d'un demi-siècle. On consacre d'ailleurs moins de temps à la cuisine - -29% entre 1986 et 2010, soit cinquante-trois minutes par jour-, on mange moins de produits frais et davantage de plats préparés... mais on passe plus de temps à table!
Le goût, oui, mais à moindre prix et au prix du moindre effort. L'industrie agroalimentaire, fille du capitalisme et de la mondialisation, n'est pas la dernière des responsables. Mais il serait bien commode de la laisser seule porter la toque. Nous devons être ou redevenir acteurs de notre alimentation. Ce dossier est fait pour cela. Bon appétit.