Les « printemps arabes » avaient allumé, fin 2010-début 2011, une lueur d’espoir en faveur de la démocratie et du respect des droits de l’homme en Afrique du Nord et au Proche-Orient. Mais ayant tourné court dans plusieurs pays (Libye, Égypte, Syrie en particulier), c’est une période d’instabilité et de violence qui s’est ouverte et qui, sur fond de guerre civile syrienne et de déliquescence du pouvoir en Irak, a permis à des groupes islamistes de prospérer. Le cas de Daech est à cet égard emblématique : créée en 2006 et quasiment inconnue jusqu’en 2012, cette organisation autoproclamée État islamique, s’est peu à peu étendue sur les territoires irakien et syrien, établissant le califat dans les diverses régions conquises et devenant — grâce aussi à une action médiatique et de propagande très active — un acteur régional majeur, infréquentable et que bien des États aimeraient voir disparaître.
Pour autant, comme le montre ici Matthieu Anquez dans ce scénario de politique-fiction, le pire ne peut être exclu : que se passerait-il si, faute de coordination internationale suffisante et profitant du contexte régional chaotique, Daech renversait la donne en prenant le pouvoir en Arabie Saoudite, par exemple ? Déroulant le script d’un tel scénario, Matthieu Anquez pointe ici les failles qui permettraient sa concrétisation, mais cet exercice de prospective peut aussi faire figure de repoussoir et inciter les différents acteurs régionaux et internationaux à se donner les moyens de lutter contre Daech. Au vu des réactions qui ont suivi les attentats de Paris du 13 novembre 2015 (survenus après la mise au sommaire de cet article), espérons qu’il renforcera leur conviction et les motivera à agir au plus vite.