L’Europe veut relever l’ambition sur le climat. Lors de leur conseil du 12 décembre dernier, les Etats membres ont annoncé un objectif de neutralité climatique en 2050. Et dans son projet de Green Deal présenté la veille, la présidente de la Commission prône une accélération des efforts à court terme. Il va falloir agir vite et fort dans tous les secteurs, sans exception. Mais il en est un où il va falloir agir encore plus vite et encore plus fort : le charbon. S’il ne représente plus que 14 % de la consommation énergétique totale des Vingt-Huit, il est la source de 28 % de leurs émissions de CO2, essentiellement via la production d’électricité. Si l’Europe, heureusement, ne construit (presque) plus de centrales à charbon, elle en compte toujours près de six cents en activité. Deux pays sont montrés du doigt : l’Allemagne et la Pologne. Ils représentent la moitié de la consommation de charbon de l’UE. L’énorme défi auquel ils sont confrontés ne pourra pas être relevé sans un renforcement de la coordination européenne. Et, dans le cas polonais (et des autres pays de l’Est), de la solidarité financière. Il faut également cesser de dénigrer l’Allemagne sur sa politique de sortie du nucléaire : loin d’augmenter, sa production d’électricité d’origine fossile est au contraire en baisse. Le gouvernement allemand vient d’ailleurs de trouver un compromis avec les régions concernées pour fermer progressivement les centrales à charbon d’ici à 2038. Le poids prépondérant de l’Allemagne et de la Pologne n’exonère pas les autres pays de leurs responsabilités, qu’ils assument bien inégalement. Alors que les Britanniques brûlaient encore en 2000 entre deux et trois fois plus de charbon que de de ce côté-ci de la Manche, leur consommation est inférieure à celle des Français depuis 2017. Grâce notamment à l’instauration d’un prix plancher du carbone. Sur le continent, si les prix du CO2 sont remontés, ils restent bien insuffisants pour tailler des croupières au charbon.