Le bilan provisoire des incendies qui ravagent l'Australie depuis septembre est épouvantable. Plus de 6,3 millions d'hectares de forêts sont partis en fumée, deux fois la Belgique et huit fois les superficies dévastées en Californie lors des records atteints en 2018. Au moins 25 personnes ont été tuées au 9 janvier. 2000 maisons ont été détruites. Des milliers de familles déplacées. Le nombre d'animaux qui ont déjà péri est estimé à un milliard, et ce n'est qu'un début, car après les flammes, c'est la faim qui va tuer la faune. L'Australie est accoutumée aux feux. La "wild-fire season", la saison de feux de brousse, revient chaque année durant l'été austral, puis cesse avec l'arrivée des pluies en début d'année. Ce qui est nouveau, en revanche, c'est la fréquence et l'intensité des épisodes extrêmes, directement liés aux sécheresses qui les précèdent. Cela faisait trois ans que l'Australie souffrait du manque de précipitations. Si les variations naturelles des courants marins et aériens jouent un rôle, le réchauffement global est clairement en cause. Réciproquement, les émissions de CO2 liées aux feux de forêt aggravent le réchauffement. L'Australie n'est de ce point de vue pas la seule préoccupation, loin s'en faut. des millions d'hectares de forêts brûlent chaque année partout dans le monde. La sécheresse n'est pas la première explication. Dans l'ouest des Etats-Unis ou le sud de l'Europe, le mauvais entretien des forêts et leur sous-exploitation sont le principal ennemi. Au Brésil ou en Indonésie, les feux sont provoqués pour faire de la place au soja ou aux palmiers à huile. En Afrique intertropicale, c'est surtout pour l'agriculture de subsistance, avec une pression démographique qui permet de moins en moins la régénération des parcelles déboisées. Les feux liés à l'activité humaine exercent ainsi une pression sur les forêts et la biodiversité autrement plus importante que les incendies "naturels", lesquels le sont par ailleurs de moins en moins...