En novembre 2011, nous publions dans ces colonnes (n° 379) un dossier consacré à l’École à l’ère numérique : comment apprend-on à l’heure d’Internet, comment évoluent les processus de connaissance et les pratiques des élèves et des enseignants sous l’effet des mutations liées au numérique, etc. ? En cette rentrée, nous prolongeons la réflexion, grâce à cet article d’Alain Bouvier, par une prospective de l’École à l’horizon 2030 dans les principaux pays développés.
L’auteur commence par rappeler les principaux chocs externes auxquels l’École fait face et qui la déstabilisent : la crise économique profonde qui touche les pays européens (dont la France) depuis des décennies, et qui rompt la relation systématique entre École et emploi ; les exigences de qualité qu’on lui impose ; la persistance de l’illettrisme ; une forte demande d’équité ; un nécessaire changement de modèle professionnel ; le choc numérique ; le brouillage des clivages traditionnels (notamment public / privé) ; la concurrence du marché (officines privées, sites Internet, coaching…), etc. Dans un tel contexte et à l’horizon d’une quinzaine d’années (2030), différents scénarios d’évolution sont possibles, non systématiquement exclusifs les uns des autres, de la poursuite du statu quo actuel (« l’École bureaucratique ») à « l’École du marché », en passant par l’École à distance, celle des communautés (éducatives, géographiques, ethniques…), l’École hybride (en classe et à distance), celle des opérateurs ou encore celle des professionnels.
De tout cela il ressort qu’il faudra sans doute beaucoup plus, à l’avenir, articuler les actions des différentes parties prenantes du système éducatif (État, communautés, partenaires, employeurs, etc.) et accepter une certaine externalisation des apprentissages, en ayant à cœur qu’elle réponde aux objectifs de qualité, d’équité et d’éthique indispensables aux élèves des sociétés mondialisées et numérisées qui sont les nôtres.