C'est devenu un truisme : les manifestations ne font plus recette, le militantisme est en crise, le repli sur soi est devenu la règle. A gauche, on ne sait plus trop où donner de la tête. Exalter les nobles valeurs, les justes causes? Ca ne marche plus. Qu'est-ce qui reste? Et pourtant, l'échec du capitalisme à assurer le bonheur de l'humanité devrait ouvrir un boulevard à son dépassement.
Le dernier essai de S. Haine explore un paradoxe apparent : et si la quête de l'intérêt personnel comme ressort ultime de l'action humaine, n'était pas forcément "de droite"? Son hypothèse :la gauche est condamnée à échouer si elle n'articule par l'action collective, qui reste évidemment indispensable sur ce ressort anthropologique indépassable. Bref, l'action collective ne serait rien d'autre que la condition nécessaire de la réalisation d'aspirations individuelles, qui doit être, affirme Sophie Heine, l'objectif du politique.
Cette thèse est discutée ici par Pierre Ansay. Présentant l'essai de Sophie Heine, il le resitue dans les controverses qui opposent les "communautariens" aux "libéraux" dans la philosophie politique contemporaine. Il adresse au "libéralisme radical" de Sophie Heine la principale critique de ses adversaires progressisyes : celle d'être une pensée finalement aristocratique, posant comme idéal l'individu totalement désenclavé de ses attaches dont il pourrait s'émanciper à sa libre convenance.
Avec la réponse de Sophie Heine, qui suit, Politique amorce une discussion à laquelle la gauche n'échappera pas si elle veut sortir de la spirale de ses échecs à répétition.
Sommaire :
L’intérêt personnel, un avenir désirable ? à lire / Pierre ANSAY
L’intérêt, moteur de l’engagement collectif à lire / Sophie HEINE