De la crise des subprime aux manœuvres spéculatives en Europe, de la panique bancaire à la dépression, les soubresauts de l’économie mondiale scandent depuis deux ans des histoires imbriquées. Celle d’un ménage américain appauvri par les bas salaires, et du courtier qui lui propose de s’endetter pour acheter une maison. Celle de l’établissement financier effondré sous le poids de ses créances douteuses, et de l’Etat qui le renfloue sur le dos des contribuables. Celle, enfin, de l’investisseur enhardi pariant sur la faillite d’un pays, et de la puissance publique apeurée qui présente l’addition des plans de rigueur à sa population. Toutes concourent au même dénouement. D’un côté, les desperados de la finance transfèrent leur dette aux Etats et retrouvent le chemin des coffres. De l’autre, Dubaï renvoie ses travailleurs immigrés ; la Grèce met ses fonctionnaires à la diète ; on massicote les services publics. « Si les pays européens “périphériques” choisissaient une approche keynésienne, ils seraient massacrés par les marchés », a expliqué un économiste de la Deutsche Bank dans le Financial Times du 10 février 2010. Rarement l’opposition entre capital et travail aura pris une forme aussi nette.
-L'urgence du contre choc / Frédéric Lordon
-Un pays peut-il faire faillite? / Laurent Cordonnier
« Nous ne paierons pas votre crise. » Les banderoles déployées fin février à Athènes, où se succèdent les grèves contre les plans d’austérité, n’auraient pas déparé en Islande, dont la population fulmine à l’idée de rembourser les dettes pharaoniques héritées de l’effondrement bancaire. Ni dans les mains des manifestants espagnols protestant contre le report de l’âge de départ à la retraite. Ni dans celles des millions de travailleurs privés d’emplois depuis le début de la récession économique. Prônant la « stabilisation » des dépenses sociales, le Fonds monétaire international (FMI) a averti : l’assainissement, en Europe, « sera extrêmement douloureux ».
-Dubaï, chronique d'une chute annoncée / Ibrahim Warde
Hier encore portée aux nues, Dubaï, terre d'élection de la spéculation et de la démesure, chancelle. L'émirat ne pouvait échapper ni aux aspects les moins reluisants de la globalisation ni aux tensions régionales.
-Comment l’injustice fiscale a creusé la dette grecque / Niels Kadritzke
Premier coup de semonce pour le gouvernement : dès la fin de février, un large mouvement de grève, essentiellement dans le secteur public, a paralysé Athènes. Les Grecs réclament surtout que les mesures prises soient équitablement réparties.