Plan :
-Avant-propos / Aude Lalande, Victoire Patouillard
-champs libres / entretien avec Hervé Le Crosnier, réalisé par Stany Grelet, Aude Lalande et Victoire Patouillard
Une compétition fait rage, à travers l'histoire de la gratuité : des communautés décidées à soustraire certains champs ou abjets à la pression marchande (qu'il s'agisse de subsistance, de connaissance, de soin...) font face à un capitalisme s'efforçant de capter ces sources potentielles de nouveaux investissements. Dans ce conflit, la réflexion sur les biens communs est à l'image de la dynamique qu'elle tâche de décrire : mobile, transposable, ouverte à de nouveaux usages. Entretien avec l'un de ses promoteurs.
-la culture en communs / entretien avec Philippe Aigrain, propos recueillis par Aude Lalande, Philippe Mangeot et Victoire Patouillard
Si la gratuité ne vient pas à vous, allez à elle : tel semble être le principe des réseaux de "pair à pair". Ces nouvelles formes de partage et de gestion de domaines communs, si elles défient la logique capitaliste, sont aussi source d'inquiétude pour les producteurs de ces biens, souvent très peu fortunés. De là deux attitudes : soit ajouter des lois aux lois pour protéger la propriété, soit prendre appui sur les pratiques qui s'inventent pour imaginer d'autres manières de rémunérer la création.
-c’est donné ! / Aude Lalande, Victoire Patouillard - la loi du marché sur la tête
-pour une éthique de la prédation / Olivier Abel
La gratuité ; une revendication gloutonne, irresponsable et égoïste d'individus jouisseurs et autocentrés? Pourtant, si on la rapporte à l'une de ses origines, celles des dissenters anglais, la contestation de l'appropriation du monde semble tout le contraire : elle n'affirme le droit à prendre que sur la certitude de ne rien posséder ; et elle se fonde sur l'élan d'une illimitation du monde. Pour comprendre les débats d'aujourd'hui, et pour éviter à la prodialité de se renverser en pillage, un bref voyage avec les flibustiers. - Max Weber, Robinson Crusoé et la flibuste
- « nous ne paierons pas » : autoréductions. Paris, 1775 / Paris, 2008 / Déborah Cohen
- La perruque : entretien imaginaire / Sacha Zilberfarb - voler du travail à l’usine
- Gratuité(s) volée(s) / Ariane Chottin - le passeur, le portillon et les enfants perdus
-Privés du temps d’être malade / Noëlle Lasne
A la fin des années 1980, Médecins sans Frontières ouvre des centres médicaux gratuits en France pour y accueillir les personnes laissées en marge du système de soin. Noëlle Lascne, aujourd'hui médecin du travail, y exerce de 1990 ç 2001. Ces onze années l'ont vu passer du soin des patients à la conquête de droits, du sthétoscope au code civil en quelque sorte, dans un système où l'insolvabilité est un symptôme irrecevable. En 1998, la CMU est adoptée. Retour sur sa genèse. - des centres médicaux gratuits à la CMU
-Défendre la gratuité scolaire aujourd’hui (comme hier) / Sophie Wahnich
Dans le champ éducatif, le soupçon sur la gratuité peurt venir des rangs mêmes de la gauche : en s'offrant à tous sans mordre sur le jeu des inégalités, l'école dispenserait les plus riches de payer pour les positions dominantes qu'elle leur permet d'obtenir et de légitimer. Cette inquiétude, toutefois ne doit pas occulter un principe fondamental : lécole vise, non à distribuer des places mais à permettre à chacun de devenir libre grâce à l'instruction. Elle est gratuite, parce que son rôle est incommensurable. - l’accès au savoir dans les débats révolutionnaires
-feu vert / Emmanuelle Cosse - transports gratuits : encore un effort
L’accès gratuit à l’école ou à la santé fait partie des faits admis. Il n’en va pas de même avec les transports publics. La question oppose au sein même de leurs plus ardents défenseurs, ceux qui estiment que la gratuité est une condition à la mobilité de tous, et ceux qui considèrent qu’elle échouerait à l’assurer et entraverait le développement des réseaux.
- musées : la gratuité, pour quel peuple ? / Stany Grelet - la Joconde pour tous
La gratuité de l’entrée aux musées, une démocratisation de la culture ? Autour de cette question, les fronts ne cessent de se renverser : entre une droite apparemment revenue de son élitisme et une gauche inquiète de voir s’imposer une culture au rabais, on s’y perdrait volontiers. Or, sous le motif consensuel d’un art et d’un savoir accessibles à tous, le sens même de ce « tous » demeure en litige : décider à qui s’adresse la gratuité, c’est donner à la démocratie culturelle des visages opposés.